Une émigration accomplie à moitié Khâlid b. Hizâm (radiyAllahu 'anhu)

Auteur : Mutlu Binici

Traduit du turc au français par, Dogukaan Arikan.

Lorsque la nuit tomba, Khâlid b. Hizâm s'apprêtait à quitter La Mecque, cette sainte ville qui l'a vu grandir. Peu importe la douleur de la séparation, Khâlid devait de partir.

On le fit tellement souffrir depuis le premier jour où il embrassa l'Islam qu'il n'avait plus le choix. Il allait soit se laisser impressionner par les menaces des notables de Quraïch et renoncer à la foi, soit il allait émigrer en Abyssinie avec ses frères et sœurs musulmans. Il se mit en route avec un ami lorsque le calme et le silence s'emparèrent de la ville.

L'Abyssinie était dirigée par un homme qui tenait en la justice. Khâlid devait rester dans ce royaume jusqu'à ce qu'il puisse retourner à la sainte ville de La Mecque, (cette ville qui engendra la foi) afin de regagner son prophète bien-aimé ( alayhi's-salât wa's-salam). À peine qu'il se mit en route, qu'il ressentait déjà la douleur glaciale du manque dans les profondeurs de son cœur. Car il dû confier sa femme Oum Habib et sa fille Oum Mouhsin à Allah en quittant La Mecque. [1] Qui sait, s'il allait les revoir ? Si oui, combien de temps plus tard ?

La guidée de son frère qui s'appelait Hakim n'allait certainement pas tarder. Ce dernier était très bienveillant envers les musulmans malgré qu'il n'avait pas encore embrassé la foi. Un jour lorsqu'il pensa à son frère parti loin, il ressentit un sentiment de fraîcheur dans sa poitrine. C'était un homme très riche et autant généreux. Il nourrissait la veuve, l'orphelin et prenait soin de sa belle sœur ainsi que de ses neveux. [2] 

Au delà de sa famille, Khalid s'inquiétait encore plus pour sa noble tante, la première mère des croyants "Khadija" ainsi que pour son mari qui n'était autre que le bien-aimé d'Allah (paix et salut d'Allah soient sur lui). Son cœur se déchirait lorsqu'il pensait à la souffrance, à la torture qu'ils subissaient. Il souffrait de la douleur du désespoir. Il priait sans cesse pour le bien du Messager d'Allah ainsi que pour celui de sa tante Khadija. Il suppliait Seigneur Allah pour la victoire des musulmans. Allah Tout-Puissant allait sans doute secourir Son messager face aux polythéistes, mais les musulmans se devaient de résister, de patienter avant de sortir vainqueurs de cette épreuve difficile.

Qui sait où se trouvait l'Abyssinie ? À quelle distance se trouvait-elle ? Les musulmans n'avaient pas l'assurance de leur sécurité. Ils pensaient à comment allaient-ils vivre dans une terre étrangère et qu'allait-il arriver aux musulmans laissés à La Mecque ? Ils étaient en route, entre peur et espoir.

Ils allaient tout d'abord se rendre à Djeddah puis au port de Shouayba, à partir de là, ils devaient traverser la mer Rouge avec un navire et atteindre la côte africaine. Un long voyage les attendait alors vers le royaume d'Aksoum. Pendant ce temps, les polythéistes de La Mecque avaient mobilisé une unité militaire afin de les attraper avant qu'ils ne montent à bord du navire, pour ensuite les enchaîner et les renvoyer à La Mecque. La route était longue, le voyage était dur et rempli de dangers.

La seule chose qui donnait de l'espoir à Khâlid, était que son cousin Zubayr b. Awwâm l'attendait en Abyssinie. Il allait vivre au sein du royaume avec son cousin et ses autres frères de foi.

La nuit tombée, il pensa à un nouveau monde. Un monde où la vérité était souveraine, transportée par un vent d'espoir. Le peuple se précipitera vers l'Islam, la justice et la fraternité régneront sous la direction de Muhammad (Sallallahu alayhi wa sallam). Une paix indescriptible se répandit alors dans son cœur. Il s'endormit avec le réconfort de ces belles pensées.

Alors qu'il était dans un sommeil profond, Khalid ignorait qu'un serpent l'approchait. Soudain le serpent le morda. Khalid commença à ressentir une douleur insupportable à laquelle il ne pût résister. Le voyage de Khâlid b. Hizâm se termina dans un coin isolé du désert. [3]

Khalid n'a pu gagner ni son cousin Zoubayr, ni l'Abyssinie [4]. Il n'a pas vu les jours de gloires de l'Islam non plus. Mais il atteint le bonheur éternel, la satisfaction divine, les jardins du paradis. Allah décrit Khâlid et ses saints semblables dans le Saint-Coran :

"Et quiconque émigre dans le sentier d'Allah trouvera sur terre maints refuges et abondance. Et quiconque sort de sa maison, émigrant vers Allah et Son messager, et que la mort l'atteint, sa récompense incombe à Allah. Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux." [5]

 Nous supplions Seigneur Allah de nous pardonner par Sa Miséricorde infinie et de nous rassembler avec Khâlid b. Hizâm dans les jardins du Paradis.

Âmin.

cliquez sur le lien pour lire l'article en turc: https://www.siyerinebi.com/tr/mutlu-binici/yarim-kalmis-bir-hicretin-hikayesi 

 

[1] Ibn Hajar, al-Isâbah, IV, 2679.

[2] Ibn Abdil-Bar, al-Isti’âb, I, 362. 

[3] Ibn Sa’d, at-Tabaqât, IV, 119; Balâzûrî, Ansâbou’l-Achrâf, I, 202.

[4] Ibnou’l-Esîr, Usdou’l-ghâbah, I, 569. Zubayr b. Avvâm, nous rapporte sur le décès de Khâlid : "Je n'ai jamais ressenti une douleur plus profonde que lorsque j'ai appris le décès de Khâlid b. Hizâm alors que je l'attendais en Abyssinie.” Balâzoûrî, Ansâbou’l-Achrâf, I, 202

[5] Sourate An Nissa (Les femmes), verset 100

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